S’il y a bien une chose que j’ai apprise depuis le début de ma quête de sens, c’est mon lien précieux avec mon corps et mes sensations physiques.
Il m’est arrivé de nombreuses fois d’être dans une agitation mentale. De ruminer sans cesse. De me poser des milliards de questions. D’aller chercher une réponse auprès de mon entourage. Or pendant longtemps j’ai oublié mes ressentis corporels. J’ai oublié que mon corps me ramène à une réalité concrète. Qu’il peut m’aider à revenir dans l’instant présent. Qu’il peut me permettre de trouver une solution en écoutant et acceptant ce que je ressens. Qu’il est une boussole essentielle d’ancrage, ici et maintenant.
Les premières années où je me suis demandée ce que j’allais faire de ma vie, j’ai développé quelques symptômes : insomnies par ci et par là, sensibilité digestive, genoux qui refuse de plier, pleurs incontrôlées. Jusqu’au jour où physiquement mon corps m’a dit stop. Concrètement, je ne pouvais plus avancer.
C’était le 21 mars 2018, plus je me prépare pour aller en cours retrouver mes élèves, plus mon corps est en signal d’alarme. Les pleurs s’intensifient. Les tremblements me parcourent. La panique de devoir passer une journée de cours me gagne. Au fur et à mesure je me dis « ok, j’y vais que ce matin pour les élèves de terminales, ce n’est pas bien grave pour les secondes » mais physiquement c’est encore trop. Alors je me dis « ok, j’y vais juste la première heure, donner les copies aux élèves de terminales puis je rentre ». Cette décision me permet de faire redescendre l’état d’alerte dans lequel je suis physiquement. Puis mon corps se met en mode automatique. Je prends ma voiture. Je vais au lycée. Je regarde le sol. Je file direct dans ma salle de cours. Je prends mon courage pour regarder mes élèves de terminales en face. Je leur dit que je serais absente pour la suite des cours et que je suis venue simplement pour rendre leurs copies. Ce jour-là, j’ai définitivement arrêté d’aller au lycée.
Ce jour-là, mon corps m’a mis face à une réalité intérieure. Puisque mentalement et émotionnellement j’étais incapable d’arrêter ce travail de professeur, mon corps a trouvé le moyen de me stopper pour prendre conscience que ce n’était plus possible de rester dans cette voie.
Depuis, je me reconnecte à mes sensations physiques. Je ressens mes émotions. Je définis et décris là où elles sont logées dans mon corps. Je les accueils et les accepte. Je me mets en mouvement par la marche, le yoga, la danse, le vélo. C’est un long chemin, pas toujours évident ni naturel. A plusieurs reprises, mon corps a de nouveau dû être en état d’alerte pour me montrer que je n’étais pas sur le bon chemin. J’ai trébuché de nouveau, je me suis relevée et je suis revenu encore et encore à lui.
Aujourd’hui j’ai tant de gratitude pour tout ce que je ressens physiquement. J’en suis arrivée à cette reconnexion corporelle par les différents signaux que j’ai traversé et par la mémoire cellulaire. Cette pratique m’aide à descendre dans mon corps. A accueillir, écouter, accepter ce qui se joue dans mes émotions, mes expériences de vie, mes souvenirs, en revenant à mes sensations physiques. Je vis avec beaucoup plus de conscience corporelle, un soutien puissant et salutaire.
Ce lien au corps étant un fil directeur dans ma vie, je le propose très souvent aux personnes que j’accompagne. Que ça soit en coaching ou en thérapie de mémoire cellulaire, je ramène toujours à un moment dans cet espace du corps. Revenir au corps donne des clefs de compréhension et un apaisement sur ce qui est en train de se vivre. Revenir au corps permet d’agir depuis un espace concret, réel et présent. De là les prochains pas d’action peuvent se faire avec plus de sécurité, de sérénité et d’élans alignés.
Alors c’est ce que je te propose aujourd’hui. De vivre une expérience pour revenir à ton corps, à cet espace des sensations physiques :
Prends 5 min pour t’asseoir confortablement.
Ferme-les yeux.
Pose tes mains sur ton ventre et ta cage thoracique.
Ressens ta respiration par le mouvement naturel de ton corps et l’air au niveau de tes narines.
Puis remémore toi spontanément un souvenir.
Laisse-toi traverser par ce que tu ressens.
Accueil toutes tes sensations physiques.
Amplifie ce que tu ressens.
Reste relié et connecté à ses ressentis.
Laisse venir ce que tu ressens, les émotions, les mots, les images.
Quand tu ressens que tu es allé au bout de l’expérience, remet peu à peu de mouvement dans ton corps. Bouge les mains, les pieds, la tête. Etire-toi, baille.
Comment te sens-tu ? Qu’est-ce que cela te fait de revenir à ton corps ? Qu’a-t-il à te dire ?
Crédit photo : Hélène Gadoury
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